Très cher.e toi,
Pendant plus de deux ans, nous avons exploré un champ de performances urbaines autour du ralentissement du flux. Nous nommions cela, les Immobiles.
Le principe était simple. Nous nous arrêtions en plein coeur de ville à 20, 50, 200 pendant 10mn, 30, une heure.
Je te passe tout le protocole qu’il y avait pour mettre cela en place.
Mais, sache qu'avant de commencer, nous glissions quelques mots aux participants que tu trouveras en images jointes.
Pendant deux ans, avec ce principe, nous avons labouré ainsi tout un tas d’espaces et au fil du temps, tiré quelques conclusions :
L’immobile commence par une phase d’agitation, car même si le corps est arrêté, la tête continue de tourner à plein régime, encore sous l’ancien rythme, et aussi un peu inquiète face à une situation totalement inhabituelle. Si bien qu’un basique instinct, lui fait penser : pas normal = danger.
Puis, cela se dépose, le corps se relâche, a moins besoin de trépigner, l’attention se resserre. Tu entres alors dans une phase où chaque seconde prend de l’épaisseur. Ou est absolument volatile. Où une heure te paraît une minute. Et la minute d’après te semble une heure.
Dans la phase trois, tu prends conscience que tu n’es pas seul, immobile, tu sens quelque chose qui te relie aux autres, tu fais corps, un corps pluriel, une communauté singulière.
En l’occurrence, aujourd’hui, cette communauté n’est ni plus ni moins que notre singulière assemblée humaine réunie sur cette minuscule planète.
A la fin de la performance, les participants, bouleversés par ce qu’ils venaient de vivre, nous disaient souvent qu’ils ne regarderaient plus jamais la ville comme avant.
Je te souhaite une belle semaine.